On est toujours exigeant avec ceux qu’on aime ! C’est en tant que danseur passionné que je me permets d’être critique (positivement et négativement) envers nos accordéonistes sans oublier que sans eux … pas de plaisir de danser ! Les accordéonistes qui nous font danser en Franche Comté / Bourgogne pour notre plus grand plaisir sont globalement bons et quelques-uns excellents: nous avons la chance d’avoir Guy Goujon, Hippolyte, Bruno Thiebaud, Damien Poyard… etc.
Il n’en demeure pas moins qu’ils ne sont généralement pas « danseurs » et de fait, certaines danses gagneraient à être jouées parfois différemment: c’est le cas notamment des ‘Bostons’. D’autres pourraient faire l’objet de meilleurs choix musicaux, comme les ‘rock and roll’.
Le choix des morceaux est tout aussi capital. D’aucuns, dont je fais partie, loueront L’excellence du répertoire d’un Guy Goujon, d’autres préfèreront celui d’un Damien Poyard plus diversifié et dans l’air du temps … mais là encore c’est affaire d’appréciation.
J’apprécie aussi les accordéonistes qui incluent dans leur répertoire des séries de danses plus ou moins « oubliées » comme:
- des scottishs (Damien Poyard, Benoit Chabot…)
- des polkas
- et pourquoi pas une série de bourrées ! Dansons aussi sur de la country française !
J’aimerais aussi quelques tangos argentins (Benoît Przybyla, Frédéric Buch… au Bandonéon sont excellents) qui nous changeraient des ressassés « Le plus beau tango du monde »… et autres tangos franchouillards pétaradants.
Je n’apprécie pas le musette vieillot hyper-rabâché jusqu’à en être « ringard », pas plus que les morceaux puisés dans les oubliettes de la chanson française qui mériteraient d’être oubliés.
Quant à la tendance actuelle qui voudrait qu’il faut faire « du neuf » à tout prix, elle ne me transporte guère. Les apprentis compositeurs nous gratifient parfois de compositions musicales agréables qui deviennent parfois « la danse à la mode » (des thé-dansant) mais à coté de vraies réussites certains musiciens auraient besoin de prendre un parolier.
J’aime les grands et beaux classiques qu’on retrouve dans le répertoire d’Hippolyte par exemple…. les musiques « du monde », les rythmes « nouveaux » d’un Damien Poyard…
On peut danser avec infiniment de plaisir sur de belles chansons à texte telles celles que propose Guy Goujon…
Un des reproche récurant qu’on pourrait adresser à certains est de jouer certains morceaux sur des tempos très élevés. Je sais bien que dans l’imagerie populaire on fait rimer « rapidité » avec virtuosité et qu’un bon rock par exemple se doit d’être rapide. C’est faux !
On ne s’exprime bien que sur des rythmes lents !
Je suis toujours sidéré de voir certains faire le choix de marches, rocks, pasos… extrêmement rapides comme s’ils voulaient à tout prix démontrer leur virtuosité alors qu’ils s’adressent à un public d’un âge certain !
Quelques cas particuliers:
Les Bostons
Il y a toujours une série de Bostons ou présentée comme telle. Je l’attends impatiemment car c’est une de mes danses préférées . Les accordéonistes annoncent généralement ‘Bostons’ mais ce sont parfois des Bostons très ralentis comme le sont les valses anglaises. De fait on ne sait pas trop s’il s’agit de Bostons ou de valses lentes.
Il y a une différence notoire entre Bostons et Valses anglaises (ou valse lentes): le tempo.
Pour faire simple sans entrer dans le détail, sans parler de battements par minute (BPM) ou d’autres considérations techniques, je parlerai de ‘tempo’ même si c’est parfois de façon non-appropriée.
Le Boston nous est venu des Etats Unis, d’où son nom, et la valse anglaise est sa forme moderne, codifiée par les Anglais.
Le rythme du Boston a été ralenti par rapport à la valse musette ou à la valse viennoise pour en faire une danse ‘noble’ pratiquée dans la bonne société.
Le rythme de la valse anglaise a été encore plus ralenti pour s’adapter à de belles chansons d’amour, à de belles musiques très romantiques et pleines de poésie. On parle alors de ‘valse lente’. Les danseurs évoluent en figures très élégantes avec une grande amplitude de pas, de belles élévations et une façon particulière de glisser sur le sol tout en caresses, en douceur. C’est une danse toute en émotions !
Deux conditions sont indispensables pour faire passer cette émotion:
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Des morceaux musicaux romantiques
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Un tempo adapté.
Le choix du tempo
On ne peut pas restituer l’émotion de la valse lente ou d’un Boston avec des musiques au tempo trop rapide. C’est une gageure !
Le tempo idéal de la valse anglaise est de 30 mesures à la minute en compétition mais il est souvent encore plus lent en ‘démonstration’ pour renforcer la sensualité de la danse. Ma préférence va aux valses très lentes !
Aussi, quand certains proposent des Bostons au tempo trop élevé, c’est un désastre ! Un Frédéric Buch, un virtuose de l’accordéon, joue des Bostons trop ‘rapides’ ce qui les rend franchement désagréables à danser ! Idem pour Hippolyte… Poyard à un degré moindre.
Exemple de rythme idéal à mon goût pour la danse : le ‘Boston des neiges » joué par Christel Jeanblanc, extrêmement ralenti comme j’aime; à mon humble avis plus ‘valse anglaise’ que Boston. J’adore !
Le choix des musiques
Toute l’émotion d’une belle valse lente repose aussi sur le choix d’une belle musique romantique à souhaits, d’une belle chanson avec un beau texte plein de poésie. Danser une valse lente sur une musique insipide, sans saveur ne procure aucun plaisir ! Certains jouent « des bostons » sortis de nulle part et il n’en ressort aucune émotion !
Pourquoi ne pas choisir de belles valses lentes infiniment moins rapides et donc plus « sensuelles », dans l’émotion plutôt que des bostons trop rapides et insipides !
Alors, quand on a la chance de pouvoir danser une série de valses lentes ou de Bostons joués par un Guy Goujon, un Pierre-Alain Krummenacher ou un Tony FONTAINE… sur un tempo très lent, sur de belles musiques, de superbes chansons à texte, on est au paradis de la danse ! Quand Guy nous fait évoluer sur ‘Les petits Chaussons », « Ma jeunesse », « Forteresse »… on a toute l’émotion de la musique, des paroles… on caresse la piste sur un rythme lent: c’est un vrai bonheur !
Autres exemples
Le ‘Boston celte’ magnifiquement interprété par Pierre-Alain Krummenacher quoiqu’ un peu rapide à mon goût et perturbé par la batterie dont on pourrait se passer. L’accordéon est magnifique !
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Le ‘Boston irlandais’ (sans doute le même que plus haut, du moins très proche) légèrement plus ralenti par Pierre Peribois et sans batterie intempestive.
On est davantage dans l’émotion. Par contre coté danseurs, dans la salle, c’est du grand n’importe quoi !
Juste pour rêver car non adaptable à l’accordéon me semble-t-il:
Une belle valse lente (danseurs professionnels en démonstration). Le rythme est extrêmement ralenti ce qui permet à toute l’émotion de s’exprimer !
Christopher Hawkins & Hazel Newberry en démonstration sur une musique ‘à tomber’ (Nocturne Secret Garden).
Le même couple sur une autre musique de rêve.
Les « Rock and Roll »
Certes, l’accordéon n’est pas l’instrument le mieux adapté à cette danse. Pourtant les accordéonistes proposent toujours une série de rocks et c’est tant mieux ! Dans l’esprit de beaucoup de gens un bon rock est un rock qui déménage. Hélas, beaucoup de nos accordéonistes considèrent eux aussi que plus un rock est rapide, meilleur il est ! C’est un avis partagé par la plupart des danseurs néophytes.
C’est FAUX !
La pratique du rock’n’roll est plus difficile sur des tempos rapides que sur des tempos lents, ce qui se comprend aisément quand on considère le niveau des Mamies et Papys danseurs.
C’est d’abord le rythme du rock qu’il faudrait que nos amis accordéonistes se décident à prendre en considération. Les habitués du « Calicoba » par exemple et plus généralement des thés dansant sont des gens… d’un certain âge, voire d’un âge certain. Il faudrait réaliser qu’on ne danse pas à 60 ans et plus comme on danse à 30 ! Et pourtant cela n’empêche pas certains de jouer les ressassés « Rock arround the clock » et autres ‘Bill Halley’ qui déménagent ! On a même droit à des musiques de rock sauté ! une aberration !
Un bel exemple de ce qu’il ne faut pas faire: une absurdité quand on pense au public visé.
Voici ci-dessous un rythme Rock n Roll bien adapté.
Encore une fois, il y a tant de beaux rocks lents, de belles musiques qui swinguent sur un tempo adapté à l’âge avancé des danseurs, à leur condition physique et à leurs rhumatismes !
De plus, un rock lent permet aux danseurs de maîtriser leurs déplacements, leurs « passes ». Les très rares danseurs qui pratiquent les pas de base du rock (il y en a très peu dans les ‘thé dansant’ et soit dit en passant) ont au moins le temps de faire les pas sur un rock lent. … alors qu’à l’inverse, sur un rock rapide, on enchaine dans la précipitation, on secoue sa cavalière comme un prunier, avant de finir sur les genoux !
Le seul intérêt d’un rock rapide est de permettre aux Papis rockeurs amateurs de faire ‘du n’importe quoi’ en donnant l’impression de savoir danser.
Messieurs les accordéonistes, faites un effort ! Pensez à nos articulations !
Les Tangos
Ah, les tangos ! Quelques accordéonistes (Frédéric Buch par exemple) sortent un Bandonéon pour interpréter un beau tango.
Hyppolite offre parfois une belle série d’argentin et on vibre !
Même sans « bandonéon », on aimerait davantage de tangos proches des tangos argentins car ce sont des belles musiques plutôt que les éternels tangos franchouillards. Mais on a du mal à échapper « Au plus beau tango du monde ».
Pas facile de plaire à tout le monde !
La difficulté première pour un accordéoniste est de plaire et il est plus facile de plaire au plus grand nombre qu’aux danseurs expérimentés. Les accordéonistes les plus appréciés sont ceux qui privilégient les valses, les marches… D’autres font le choix d’un beau répertoire varié avec davantage de danses latines et proposent même parfois des séries de danses moins populaires comme des scottishs, des polkas, des bourrées… Ils ont ma préférence. Quant à ceux qui servent des marches et autres java à haute dose sur des musiques médiocres ou rabâchées, je les évite. On ne peut pas plaire à tout le monde !